Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Par Viviane Lamarlère
Chaque soir
nous remisons notre visage
chaque matin notre miroir
nous offre une nouvelle image
Les changements sont aussi infimes
que la perte d'un bouton sur un manteau vieilli
le teint est assez pâle et le regard bouilli
la nuit aura laissé des traces de ses crimes
On s'habitue ainsi
à ne se voir vieillir
si ce n'est dans les gestes un peu moins précis
une gêne amicale un mot qui fait souffrir
Tiens! aujourd'hui les choses ne commencent pas à l'heure habituelle!
Accusant le hasard
de cette donne nouvelle
dont la carte maîtresse se nomme retard
nous effaçons d'avance le matin
où nous entrerons en matière
sauvés enfin d'aujourd'hui et d'hier
nous regardant de dos dans un miroir sans tain.
Nous marcherons alors un monde sans racines
quelques intonations écrites à l'envers
la douceur infinie de l'absence divine
le vrai reproche bleu de notre ancienne terre.
Il ne me tarde pas cette heure où l'on suspend
dans le dernier placard la dernière chemise
il ne me tarde pas d'ouvrir un compte-temps
à la banque éternelle qui ignore les crises
Et s'il m'aide souvent de me savoir vivante
jusque dans les accrocs du corps et des pensées
le vieillir ne m'est pas une fin qui contente.
Je veux encore en mon jardin passer.
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