Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Haendel ou la soif de survivre
Opéra des gueux, toile de Hogarth
En 1728, alors que les finances de son théâtre sont au plus bas, se monte sous la patte musclée de l'un de ses meilleurs amis, John Gays, un Opéra des Gueux qui a grand succès dans Londres. Haendel rit d'autant mieux de cette satire qui vise directement son goût pour le chant italien que sa musique y jouit d'une publicité indirecte. Avec sa pension très élevée il décide donc de créer dans ce même théâtre qui vient de fermer ses portes une seconde Académie royale afin de contrer l'initiative des Lords qui viennent d'ouvrir à leurs frais eux aussi l'Opéra de la noblesse...
Cet homme si généreux dans sa musique, si coléreux avec qui lui résistait, si énergique, est désormais un homme seul dont on ne sait presque rien d'autre que ce qu'il veut bien livrer à de rares personnes. Mais un de ses traits de caractère les plus puissants est que lorsque le désespoir le touche il trouve encore la force de donner un coup de talon et résister.
Sa discipline d'acier pendant quelques années rend vie à cette scène.
La maison où il vit et qu'il s'est achetée est sobre, aucune femme ne la fréquente mais il reste trace de quelques amis auxquels il manifeste une attention, une tendresse, une prévenance constante.
Constraste donc poignant entre l'exhubérance brillante de cette musique et la solitude profonde, presque tragique, qui touchera un jour (tant il y trouvera d'échos) le grand Beethoven.
Orlando ( Roland) furioso, toile de Ingres
C'est l'époque des plus beaux opéras: Orlando furioso, Alcina pour ne citer qu'eux. Mais aussi des grands concertos grossos, du concerto pour harpe, de l'Ode à la fête de Sainte Cécile, des premiers oratorios.
Sainte Cécile, patronne des musiciens
toile de Jacques Stella
L'Allemagne reste sa terre d'affection et en 1730 il se rend au chevet de sa mère mourante et aveugle. Bach qui sait sa présence en Allemagne et admirait beaucoup son oeuvre l'invite à venir le voir à Leipzig.
Il ne s'y rendra jamais.
On a pu dire que c'était par crainte de se mesurer au génie improvisateur du Kantor. La vérité est sans doute ailleurs: Haendel fait partie de ces musiciens qui, refusant d'être esclaves d'un Prince, se sont rendus esclaves du public. Sa carrière est risquée chaque soir et il se doit d'être aux côtés de son orchestre, ses chanteurs, son administrateur. Et ceci d'autant plus que ses divas sont imprévisibles et qu'il arrive certains soirs à Haendel de faire diversion aux furies déchaînées sur la scène en improvisant au clavecin ou à l'orgue.
De l'Allemagne il ramène ce qui fut aux fondements de sa vocation: l'inspiration inépuisable des chorals luthériens.
Renonçant à ce qui fut le moteur de son existence, la mise en scène des voix, il présente devant un public privé son premier oratorio: Esther. Il faut dire que l'évèque de Londres avait refusé aux enfants de la cathédrale de monter sur scène avec des acteurs, gens de mauvaise vie comme chacun sait...
Le succès et immédiat auprès de cette société éprise de religion.
Haendel qui est épuisé par une lutte constante pour créer, faire vivre son Académie, lutter contre les cabales, voit là une opportunité de redémarrer une seconde carrière. Surtout les versions oratorios et les sujets inspirés des saintes écritures lui permettent d'échapper à l'interdit de donner une représentation théâtrale durant la période de Carême, ce qui grêvait notablement ses finances.
Evanouissement d'Esther, toile de Jouvenet
Pour l'heure, écoute de quelques oeuvres de cette période tourmentée.
Esther, Who calls my parting soul from death, un duo sublime dont l'accompagnement rappelle bien sûr celui de l'air du génie du Froid extrait du King Arthur de Purcell, dont le texte s'inspirait de Lully ( l'air des trembleurs) et la musique de l'accompagnement d'un concerto de Vivaldi,
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Ode pour la fête de Sainte Cecile, énergétique et vitaminée et même un peu guerrière par moments ! L'oeuvre se propose, à travers ses nombreux numéros alternant pièces instrumentales, de solistes vocaux ou de choeurs, de rendre hommage aux différents pupitres d'instruments et à leur portée psychologique ou religieuse.
The trumpet's loud clangor
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Sharp violins proclaim
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Orpheus could lead
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Soft complaining flute
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Concerto grosso opus 6 n° 3 en si mineur sans doute l'un des plus puissants composés par Haendel... Je vous en propose quatre des cinq mouvements:
Larghetto
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Andante en forme de fugue
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Allegro dans lequel le travail des violons est si proche de celui d'un Vivaldi
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Polonaise aux accents bien marqués de danse payse
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Alcina brillante et joyeuse
Air de Morgane, Tornami a vagheggiar, sublimement chanté par Patricia Petitbon
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Concerto pour harpe N°1 en Si majeur, Andante-Allegro, un "tube" déjà à son époque:
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L'éducation d'Orphée de Georges Callot
Mais la bonne chère, le bon vin, la fatigue provoquent en 1737 un premier accident vasculaire cérébral qui le laisse à-demi paralysé. C'est à Aix -La-Chapelle qu'il part retrouver des forces ...