Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Par Viviane Lamarlère
On m’avait dit “Elle est encore une enfant malgré son âge. Elle est depuis l’age de 18 ans dans cette maison de retraite”
La chambre est exigüe, vide d’objets, à part des peluches élimées qui s’accrochent aux barreaux de protection du lit....75 ans.
Sa famille l’a abandonnée. Depuis longtemps. Différente des autres enfants. Cancer en phase terminale.
Je lis dans ses yeux cette angoisse si souvent rencontrée et à laquelle on nous prépare en "formation", nous obligeant à soutenir le plus longtemps possible le regard d’un autre accompagnant. Dur de rentrer dans un regard inconnu et bien portant. Tant de secrêts de l’inconscient peuvent alors surgir. De craintes ou de désirs...
Alors, quand il est habité de cette peur animale.... Recul du corps entier.
Cancer des sinus, chairs et humeurs à nu.
Elle, effleure ce que l’humaine intelligence ne sait qu’une fois.
Son visage porte déjà sur lui ces lividités blanches et bleutées, ce nez pincé et ces tempes creusées si caractéristiques de l’agonie en marche , échec de tout savoir.
Elle n’a pas mal, d’ailleurs elle ne sait pas le dire. Juste avec ses mains qui s’agrippent aux miennes. Et puis....
“Ne me quittes pas ne me quittes pas ne me quittes pas reste avec moi ne me quittes pas..”
Trois heures durant lesquelles elle s’apaise.
Compter l’espace entre les respirations.
Elle “ gaspe “.
2 secondes. 4 ... 8 secondes. Une pause de 16. Une de 8..Une pause de 30. Un rallentendo durant lequel elle sombre. Puis se dégage définitivement de la vie en se vidant de partout.
Corps supplicié. Les peluches sur son lit sont défaites.
Relacher ses mains.
Un ours accroché aux barreaux tombe au sol .
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