Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Par Viviane Lamarlère
C´est un hiver comme celui-ci que je l’ai vue la première fois
un de ces hivers où le vent emporte au loin les paroles.
J’allais au silence.
Seule
elle était là
échappée de l’enfance
vêtue de mosaïques
à elle seule une idée de lumière dans ces rues mal loties.
Je me suis arrêtée tant elle me paraissait jeune
trop jeune pour traîner ainsi dans les rues de la nuit
je me suis arrêtée
trop lentement peut-être
pour ne pas la brusquer pour nous garder intactes de toutes les crudités
celles qui se crient et celles qui se pensent
dans le sillage des freins chauffés au macadam
mais elle a refusé
Monte je te ramène chez toi
Je ne sais pas ce que ça veut dire
chez moi je ne sais pas
je suis trop sale pour monter
je suis une gitane
Bouche gourmande et regard louve
dans sa main repliée aux ongles tous crasseux
traînait peut-être un sort
appris par cœur le soir au bord du feu qui couve
D’un geste à déchirer les terres les plus sèches
elle remontait sans cesse l’épaulette tombée
s’attarda un moment à la rondeur des seins
éclata d’un grand rire et s’enfuit en courant
voleuse de ma surprise
Je l’ai revue souvent elle a grandi elle a même des enfants qui s’accrochent à sa jupe
Elle a toujours aux pieds les mêmes sandalettes
et l’été ou l’hiver la voient à demi nue
sans aucune malice elle n’est pas coquette
elle est déjà promise à un bel inconnu
Elle est si lumineuse
qu’elle n’a presque pas d’ombre à traîner sous ses pieds
et quand elle est passée
il reste ce parfum
de calme après la pluie
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