Vos silencieux ballets bibliothèques mouvantes paysages de chair carrefours étoilés géographie écrite en alphabet d’histoires
Sur les paumes rugueuses j’entends les bouts d’écorce enfouis dans le terreau les outils du jardin les peinesminuscules rouillées sous l’établi les herbes arrachées quand le sol est trop sec à s'écorcher la peau Je ne saurai jamais pourquoi les mains fines et longues m’invitent au voyage on devine autour d’elles d’invisibles présences silence de l’étude vieux livres parfumés aux pages écornées ou jamais déflorées l’exercice du rêve léger dans la pénombre.
Celles toutes tachées de soleil des très vieilles personnes assises sur un banc dehors à voir passer le temps posées à plat elles lissent le tablier de mouvements sages réguliers imperceptibles elles sont comme des racines à l'embouchure des fleuves elles ont la douceur des caresses anciennes et cette précaution surgie de la blessure la lenteur qui désigne sans montrer du doigt
Même la moiteur de mains qui refusent l'étreinte le geste déplié sans élan sans ferveur cette sueur malgré elle jamais je ne la fuis tant elle me suggère ce qui n’ose autrement
Dis… Que ressentaient-ils touchant du bout des doigts l’énigme de la pierre plus rouge après l’ondée les lieux modestes et gris où la mousse se prend pour un immense pré et ses troupeaux d'insectes affolés besogneux qui courent vers plus tard ?
Connaissaient-ils la bouche sèche des commencements le ventre qui pressent les puissances obscures ? et les mains et les mains et leurs mains disaient-elles avec leurs mots à elles la volupté du corps à corps découverte infinie de la courbe des hanches et du dessin des lèvres la douceur de l’argile qui portera les eaux et les grains et les signes ?