Musée Guggenheim de Bilbao: L'Araignée qui marchait à contre-sens

Il était une fois une araignée
qui aimait les Beaux-Arts
quoiqu' elle trouvât bizarres les tendances modernes aux tensions éclectiques
il ne lui déplaisait de prendre quelques risques
devant les bleus de Klein ou les noirs de Soulages

Suspendue à son fil elle restait pensive
en voyant s'agiter au-delà de la rive
autour de Bilbao
de bien curieux badauds
aux pieds d'étranges voiles...
Elle en avait rêvé
et comme ce qu'on rêve finit par exister un beau jour quelque part
sa surprise fut grande à travers le brouillard
de trouver un matin le navire achevé

Les plaques de titane, hic! ça donne le hoquet
et les vitres bleuies, sûr, ça brouille les yeux
même si on en a huit.
Il lui fallait d'urgence voir cela de près...

Alors elle chaussa ses jambes de danseuse
rangea soigneusement son fil de suspicions
au creux de son croupion
et la voilà partie pour jouer les voyeuses !

Mon Dieu, qu'ils étaient beaux
ces grands bateaux dorés
aux proues axi-dentées
les unes dans les Eaux
les autres au-dessus.

C'était tellement beau qu'elle se demanda
si au moins c'était vrai?
Notre araignée était une vraie philosophe
elle se dit " Qu'importe! Il n'y a rien de faux ou de vrai en ce monde
il n'y a que du beau ou au moins des questions
si j'ouvre tous mes yeux! "

Oui, mais voilà, on n'entre pas comme ça
sans pièce d'identité dans les musées modernes
et l'art contemporain est doué pour mettre en berne
les meilleures volontés
même celle des araignées

Elle fut refoulée
par un certain Z. Elée
qui ne comprenait rien au temps qu'elle avait mis
pour venir jusqu'ici.

Alors elle reprit en parfait contresens
l'allée bordée de marbre
puis de dépit planta ses jambes émaciées
dans le béton armé

Et depuis elle attend
qu'on lui dise qu'elle peut enfin
entrer.

Ah, l'administration !




Musée Guggenheim de Bilbao


les Sculptures de Serra auxquelles je consacrerai un article

Le chien fleurs de Jeff Koons

L'Araignée de Louise Bourgeois