Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
" C'est peut-être bien l'artisanat qui sauvera le monde ". Albert Einstein.
C'est très précisément ce que je me suis dit en contemplant ces beaux instruments antiques que je vous présente aujourd'hui. Les métiers ne se regardent plus guère les uns et les autres. Quel dommage...
De la pratique musicale des civilisations du bassin méditerranéen - Sumérienne, Phénicienne, Palestinienne, Hébraïque, Egyptienne - ne nous sont parvenus que quelques textes, des dessins et sculptures et des instruments de musique. Les premières tentatives de notation musicale ne verront en effet le jour qu'au troisième siècle avant notre ère.
Mais les documents découverts nous permettent, à défaut de reconstituer la polyphonie de cette période, d’imaginer " l’esprit " des sons de l’Antiquité.
Dès le IVème millénaire avant notre ère, on retrouve à Sumer des représentations de la lyre.
Les fouilles exhument des instruments de toute beauté, décorés d’or, d’argent, de coquillages. Leur taille si imposante devait contraindre à les poser au sol. Leur caisse de résonance en bois ou en peaux, à chaque fois plus stylisée, prenait la forme d’un taureau, symbole de la fertilité .
Si la lyre était jouée par des instrumentistes masculins , les autres instruments tels que la harpe, la lyre portative, le luth ou la flûte étaient dévolus aux femmes.
On a pu déduire du nombre de trous des instruments à vent que les gammes Assyriennes, à quatre, cinq ou sept tons, étaient pensées en relation avec les planètes, les saisons. Nous retrouverons dans un autre article ce lien étroit entre nombre et musique des sphères aussi bien dans la musique grecque que chinoise.
De nombreux dessins et bas-reliefs attestent de la présence de petits orchestres lors de représentations théâtrales, de cérémonies religieuses ou repas familiaux. La vie musicale était donc très vivante en antique Babylone, et son évolution rythmée au pire par les invasions, au mieux par les échanges commerciaux avec les voisins.
L’un d’eux, la Palestine, petit morceau de terre par suite si divisée, a ainsi pu voir les Phéniciens et Hébreux qui s'y étaient installés adopter puis perfectionner les instruments de la grande civilisation mésopotamienne, mais en accordant une place prépondérante à la fonction cérémonielle de la musique: chants de l’eau ou du labour, cantiques, psaumes, célébration victoire.
Les écrits de Flavius Josèphe fournissent d’ailleurs des renseignements de premier ordre sur les pratiques musicales de cette région.
Comme partout dans le bassin méditerranéen, la Lyre y tient une place très importante. Elle se nomme Kinor et restera associée au Roi David:
Les orchestres réunissent naturellement des instruments à cordes et à vent mais aussi des percussions. Certains doivent remonter à des temps immémoriaux, comme le shofar, fait d'une corne de bélier ou de bouc allongée:
La hatsotserah, trompette en bois ou plus généralement en argent:
Le halil, chalumeau à double tuyau inventé par les Phéniciens qui est l'ancêtre de tous nos instruments de la famille des cornemuses:
C’est en Palestine que nait sans doute le Kanun, cousin du Psalterion, sorte de harpe dont les cordes sont tendues sur une table. Cet instrument de toute beauté accompagnait la psalmodie, si proche de notre spreschgesang ( ou récitatif parlé)
On retrouve le Kanun ( qui donnera le mot canon, morceau à plusieurs voix) sous diverses formes et déclinaisons dans le monde entier.
Les plus proches, l' Epinette et la cithare, donneront plus tard naissance aux instruments de la famille du... clavecin! Au Moyen-Âge, en effet, les cithares de table seront munies de clefs portant le nom de la note ( clavis) qui progressivement se transformeront en touches de clavier. Voici une belle reproduction d'un Kanun antique:
Mais revenons à la psalmodie. D’abord antiphoné (c’est à dire chantée par deux chœurs alternés) elle devint, dès l'an mil avant notre ère, responsoriale : un soliste récitait les versets des psaumes de David et lui répondait un chœur. Les prémices de la tragédie grecque ( en l'an 500 avant notre ère ) et plus tard de l'opéra de Monteverdi sont là.
Plus simple est d’imaginer la musique de l’ancienne Egypte tant les instruments de l’antiquité sont encore vivants là bas.
Très tôt y naît l’habitude de diriger les musiciens par des mouvements de la main ( chironomie) qui, en l’absence de notation écrite indiquaient la hauteur du son.
La harpe y prend des formes innombrables : harpe arquée, dont la caisse de résonance est de peaux cousues, voir celle-ci de toute beauté sauvage:
harpe d’épaule, harpe géante,
harpe angulaire originaire du proche orient, lyres, luth enfin, ( qui s'écrit l' Ûd):
Sans compter les trompettes, flutes, hautbois doubles, cymbales, castagnettes.
L’orchestre égyptien est l’un des plus riches qui soit et en réaction aux invasions, va laisser se développer une pensée musicale conservatrice qui conduira au troisième siècle avant notre ère aux premières notations de cette musique et surtout à l’invention du premier orgue connu, descendant en droite ligne de la flute de Pan : l’hydraule, mis au point par l'ingénieur Ctésibios, inventeur du piston, de la clepsydre, de la soupape, du clavier, du premier monte charge, de l'horloge musicale à automates, du canon à eau etc...
La puissance de cet instrument qui fit fureur dès sa création permettait aux organisateurs de combats de gladiateurs de faire taire la population dans les arênes et aux généraux guerroyant d'effrayer et faire fuir l'ennemi...
Vous vous doutez bien que l’on ne peut qu’approcher de loin la musique de cette période et une fois encore je déplore que les musées ne se décarcassent pas pour faire revivre cette art à partir des instruments qui nous sont parvenus. En écumant la toile voici le peu que j'ai pu trouver pour vous donner idée...