Mi-juillet. L'effervescence vouée aux jeunes feuilles et à l'abondance de fleurs semble se calmer, comme si ce qui se joue sous terre avait reçu signal d'une inversion des forces. Mais grâce aux pluies abondantes, le jardin est bien vert et cela change des années paillasson...
Hier j'ai parcouru tous les sentiers désherbés de mes mains dans cet espace d'un hectare.
Désherbés, cela signifie aussi entretenus au quotidien et surtout parcourus chaque jour afin de tasser la terre et empêcher les jeunes pousses de revenir...
J'ai créé ainsi quelques 800 mètres de sentiers, bordés de cailloux et de fleurs sur de splates bandes aux configurations fort différentes, soit de plain-pied, soit accrochées à des talus abrupts.... 7000 cailloux environ cueillis dans le jardin et disposés patiemment à la main !!!!
Je ne suis pas peu fière!
Dans un coin la Jacinthe du Cap illumine de ses si jolis lampions une aire d'ombre sous un chêne. La plante, étonnante de forme et de vigueur, monte sa tige à plus d'un mètre de haut et promet de faire au bout de quelques années une belle touffe. J'adore cette forme de fleurs, campanulées et aussi discrètes que des cornettes de religieuses.
Juillet est le mois des dahlias et de toutes les annuelles et bulbes dits " non vivaces " qu'il est conseillé de rentrer pour l'hiver mais qui dans nos régions de climat assez doux ( quoique... - 15° l'hiver dernier...) restent sagement en terre sans jamais dépérir. Ici, un dahlia simple rose bonbon, aux étamines dorées, qui ne cesse de fleurir depuis un mois et demi:
Ci-dessous, un dahlia pompon, Wizard of Oz, aux belles fleurs délicates dans la paume - on a envie de les caresser comme un petit animal. Ils accrochent merveilleusement la lumière. Il est certain que celui-ci fera partie d'une prochaine commande...
Entre les fleurs de la lavatère arbustive, un beau dahlia décoratif essaie de se montrer, mais il est un peu engoncé dans l'habit de sa voisine, je le déplacerai à l'automne:
Un autre, que tout le monde déteste parmi mes proches, car de nuance trop vive. Je dois avouer être un peu déçue, je m'attendais à une fleur unie, non à ces panachures blanches qui rendent l'aspect général très artificiel. Qu'importe, la fleur est grosse comme une grande grande assiette, alors...!
Mais le plus beau ( à mon goût) est le dahlia Bishop ofAuckland, pourpre presque noir ou rouge vermillon selon l'angle d'attaque de la lumière et dont le feuillage presque noir lui aussi est une splendeur. Il me faudra cependant l'an prochain, pour mieux le mettre en valeur, planter contre lui une plante à feuillage argenté sur laquelle il déploiera ses feuilles bien charnues et élégantes. Une absinthe peut-être?
Ou mieux encore, des Stachys Byzantina ( super chouette plante chameau qui supporte sans se plaindre soleil, mi-ombre, ombre, sol sec ou modérément humide, très pauvre, qui grossit de mois en mois de manière étonnante et se propage comme les fraisiers, et que chacun aime à caresser, tant elle est douce comme une peluche) dont je n'aurai qu'à prélever des rejets sur mes propres plants?
Tout contre lui, l'échinacée pourpre, en l'occurrence ici blanche et prénommée White Swann, ( Cygne blanc) m'étonne de la durée de vie de ses fleurons. Cela fait bientôt deux mois que chaque fleur a éclot!!! et elles s'affirment encore aujourd'hui, qu'il pleuve, vente ou fasse très sec, presque aussi belles que le jour de leur naissance. Certes leurs pétales retombent chaque jour davantage, mais elle ne les perd pas en vieillissant et son cône doré dur comme un quignon de pain rassis grossit de jour en jour!
Etonnante marguerite du Nord-est canadien, qui était considérée par mes ancêtres Indiens comme LA plante médecine...
Dans un pot, le rosier André le Nôtre se pare enfin de fleurs, énormes et très odorantes:
Tout à côté, vêtu de modestie et les pieds bien au frais dans des brassées d'alysse odorantes qui répandent alentour leur sillage de miel, un Cosmos double se réchauffe comme papillon:
Derrière la maison, les impatiences se mélangent doucement aux azalées et à l'immortelle de l'Himalaya, merveilleuse plante elle aussi, très sobre et florifère qui s'étend sans faire de bruit en beaux coussins argentés:
Mêmes couleurs et mêmes fleurs ( et pour cause, l'arrière de la maison est à l'ombre) qui peu à peu s'échappent de leurs feuilles. Elles fleuriront jusque la première gelée sans discontinuer:
Et notre petit banc, ne dirait-on qu'il se trouve là de toute éternité, dans cet écrin de verdure dont je peine désomais à me souvenir de quelle jungle de ronces, cigues, phytolaque et autres renouées il était alors cousu?
Un peu plus loin en avançant sur le chemin, mes pétasites de l'arboretum de Balaine s'accrochent au talus. Elles m'ont gratifiée vers la mi janvier d'une fleur à l'odeur de vanille, étonnante et rare...
Leurs feuilles font désormais 40 bons centimètres de diamètre. Encore un petit effort pour atteindre les 90 et surtout le mètre de hauteur! Je leur souhaite surtout de bien remplir leur rôle de couvre sol increvable sur ce coin pauvre, où j'accède mal avec mon arrosoir, et voudrais bien pourtant éradiquer définitivement la mauvaise graine!
Le long de la voie ferrée, en face de ce que vous voyez dans la première photo de cet article, j'ai à grand peine sur un an travaillé une plate bande. Le sol y est de qualités très inégales et diverses: argileux, puis rocailleux, puis sableux, puis riche, puis acide, puis calcaire!!! Un vrai casse-tête! Mais avec quelques soins et beaucoup d'efforts, mes semis sortent: alysse odorante qui se re-sèmera, escholtzias idem, zinnias sans manières qui poussent partout et avec si peu d'eau, au point que pour ce coin ci du jardin, je ferai l'impasse l'an prochain sur les cosmos qui n'y ont presque rien donné et ne sèmerai que des zinnias. Des blancs, des roses, des fushias...
Et puis cette ombelllifère majestueuse, qui culmine à un mètre et davantage et depuis plus d'un mois éclaire ce coin désert et peu accueillant, j'ai nommé le ci-devant Ammi des jardins:
Ah qu'il est bon d'avoir des projets, même quand la saison bien avancée commanderait de se calmer un peu...
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Ton jardin est une victoire Russalka ! Sa variété infinie et ses couleurs marquent à jamais le territoire nouvellement conquis par le beau et<br />
l'harmonieux.<br />
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Tu dis "voyage au bout de mon jardin" avec des fleurs et du bonheur alors que d'autres ont développé et peut-être vécu des "Voyages au bout de la nuit" ou<br />
peut-être même un grand "Voyage au bout de l'ennui". Je pense quant à moi que le projet était plutôt un "Voyage au bout de l'envie" et qu'ils se sont fourvoyés dans la misanthropie et la<br />
misogynie les plus abjects.<br />
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Ton voyage au bout de ton jardin est au contraire une sorte d'embarquement pour Cythère, un voyage comme celui qu'a entrepris Claude Monet quand il a imaginé<br />
et réalisé Giverny. J'ai beaucoup pensé à cela ces jours derniers : quel beau jardin !<br />
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Tu dis si joliment que j'en rougis jusqu'aux oreilles ;o)) Mon jardin est, sans prétention aucune car je suis<br />
tellement consciente des difficultés rencontrées au quotidien, tellement humble dans ces travaux du corps et cette observation aigue de tout ce qui se passe, bref, donc c'est pourtant et en dépit<br />
de ma modestie bien réelle mon "oeuvre", au sens noble du terme, comme on parlait de l'oeuvre d'un peintre ou d'un tailleur de marbre; Je le modèle sans cesse pour l'améliorer, l'embellir, le<br />
rendre chaque fois plus serein et équilibré. Mais dans le fond, c'est lui qui me dicte ses goûts, ses états d'âme, sa réceptiovité ou non de mes choix... Oui, Monet: un modèle et cela fait partie<br />
de nos rêves à Michel et moi de nous y rendre quelques jours, peut-être à l'automne puisque nous n'avons pas démérité de cet été ;o) et nous le valons bien ...<br />
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Miche
16/07/2012 06:37
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Le jardin, c'est "faire" et encore voir le résultat, c'est aussi communiquer et partager, comme je te comprends, rien que du bonheur !<br />
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merci Miche, jardiner c'est en effet : faire, puis attendre, puis regarder, puis refaire, puis re-attendre puis<br />
re-regarder puis... et entre temps offrir. Merci d'avoir re-su ;o))!<br />
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ulysse
15/07/2012 21:23
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Tu as raison d'être fière de ton jardin Viviane 800 mètres de sentiers et 7000 cailloux mazette , ça vaut l'un des travaux d'Hercule !<br />
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Et mille fois recommencé, comme Sisyphe et son rocher ;o))) car ces cailloux peuvent être dérangés par la pluie ou les<br />
lapins en maraude. Merci Ulysse, je ne suis pas très présente sur les blogs, car en pleine confection de parquets à l'étage des chambres, demain plus libre pour aller te lire, promis ;o)))<br />
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marlou
15/07/2012 12:53
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J'admire chaque année ton dynamisme qui sait créer le décor qu'il te faut !<br />
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Tu as la main verte comme on dit en orient.<br />
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Amicalement<br />
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Merci Marlou, en fait la création évolue au fil du temps et de ce que me découvre mon jardin qui travaille beaucoup...<br />
tout seul, en agençant les plantes comme il l'entend au final. Chez nous ont dit " les pouces verts " ce sont de bien jolies expressions universelles, merci du partage!<br />
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corinne
15/07/2012 12:18
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Je (re)découvre toujours avec la même curiosité et le même bonheur ton jardin Viviane... un jardin privé est le reflet de l'âme de son créateur ; il nous livre une part de son intimité !<br />
C'est un oeuvre créatrice en constante évolution qui offre plusieurs tableaux fleuris ! C'est ton oeuvre Viviane et merci de ce doux voyage au pays des fleurs !<br />
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Merci Corinne de ce passage en mes terres ;o)) depuis quatre jours mon jardin est bien seul et un un peu oublié: entre<br />
les mariages, parquets etc, peu de temps à lui consacrer... Enfin je vais essayer d'arroser ce soir car des endroits ont séché grave comme disent les jeunes ;o)) Bisous!<br />
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