Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique

Latérite


        Au plus lointain de la forêt, là où Nuit est furieuse de ne pouvoir s’aventurer car Ombre occupe déjà les lieux il y avait une source.

On l’appelait source de feu car son eau chargée de poussière coulait rouge comme le sang.


Cette fontaine était magique
Elle donnait forces magnifiques
A  qui osait franchir la crainte de
boire
La sève de quelque créature cachée sous la surface.

Sambalé -le-Vantard, racontait à qui voulait l’entendre que cette fontaine déversait bel et bien  la sève d’un géant, dont la demeure se trouvait très profondément enfouie sous les feuilles et les restes d’animaux sauvages. Personne n’accordait d’attention à ce que disait Sambalé, et pourtant il disait vrai pour une fois.
Un matin, alors qu'il venait de ramasser ici et là les proies pries à ses pièges,  les bêtes reposant sur ses épaules lui donnèrent si chaud qu’il se dépêcha vers cette source rubescente.

Alors qu’il se penchait pour se désaltérer,  deux mains aussi féroces que le métal le saisirent à la gorge.

Du fond de la source jaillissait en même temps que les gouttes d’eau une voix sombre comme les feuilles de banian.

«  Donne moi ta fille en mariage, en récompense tu pourras continuer de boire de mon eau ainsi que tes frères"

Sambalé était vantard mais pas très courageux. Il fit promesse de la donner dès le lendemain à cet être du cœur de la terre dont il ne connaissait ni les intentions ni le visage

La fille de Sambalé était douce et aimante. La peur que tout le village
Ne soufre de son refus
La fit partir le lendemain seule
Vers son époux fontaine .
Elle traversa avec terreur grandissante
Cette forêt ouverte comme une amante
A ses pieds délicats,
Puis s’endormit repue de fatigue sur la pierre qui fermait la source.

Elle se réveilla bientôt sous terre
Dans un château de fer.
Sa table était couverte
Des mets les plus fins qu’elle ait jamais goûté.
Son époux ne se montrait jamais
Pourtant
Répondait sur l’instant au moindre de ses rêves.
Et c’est ainsi qu’elle mit au monde un bel enfant.

Il était si plaisant
Qu’elle fit vœu intérieurement
De le montrer à son village.

Son époux, dont elle n’avait jamais jusqu’alors entendu autre chose qu’une voix très douce pris sa voix la plus rouge et lui hurla « Pas plus d’une semaine, sinon... ! »

A peine  eut- il crié cet avertissement qu’elle se trouvait transportée dans un  dehors dont elle avait oublié les parfums, les couleurs et les bruits .

Quand elle parvint au village, tous furent étonnés . Son père vivait dans la honte de l’avoir ainsi abandonné et sa mère l’enfonçait à chaque jour un peu plus dans la terre de son mépris.

L’enfant était si beau, avec sa peau de métal brillant et dur, ses yeux rouge sang, ses dents de bronze, il était si différent et surtout, il ne se blessait pas en tombant.. Tout le monde s’y attacha et il devint en quelques jours l’occupation, le désir, le rêve de chacun dans le village. Mais la semaine passa comme l’aile d’un oiseau dans le coin du regard et la jeune femme voulait tenir sa promesse .

"Il faut que vous soyez
Raisonnables.
Mon époux est  aimable,
Il m’offre ce que je veux,
Je pourrai même lui demander
De combler tous vos vœux."

Ils l’attachèrent à sa case et attendirent.
A la minute même où le délai s’était écoulé, un homme immense et beau, à la peau identique à celle de son fils et aux cheveux de ferraille rouillée entra dans le village .Sa colère était telle qu’elle répandait une eau ferrugineuse sur les terres, qui emportait avec elle cailloux,  brindilles, animaux domestiques. Il se saisit de sa femme et de son fils et les emporta sous son bras pour toujours.

Depuis, en Afrique, on révère les sources de latérite,
On prétend
Qu’elles guérissent de bien des maux,
Et les futures épouses viennent y faire serment
D’aimer toujours
Leurs promesses.
 

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