Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique

L'animal des instincts

 



Il est certain que si on l'avait laissé courir
au lieu de l'avaler
l'animal des instincts serait encore en train de répandre ses flammes sur la steppe
ou se goinfrer salement de quelque charogne

Il nous a rendu la monnaie
de nos pierres jetées à son mufle trop vif
depuis que nous nous sommes policés
p'tit doigt sur la couture
que nous l'avons
ver rouillé
tête anisée


Je ne vais pas me faire l'avocat du
diable
juste dire
" La pauvre bête ! "

C'est mince comme plaidoirie mais les mots me manquent
alors que mon corps tout entier saurait le dire en se levant
en marquant tel pas ou tel autre sous
le sable
me roulant dans la floraison de pieds
entourant de
caresses à peine visibles cette foule au lointain enfermée dans mes doigts
que je résiste à écrabouiller d'un coup comme ça

Je ne vais pas me faire l'avocat du diable et vous dire l'eau au bord du cerf
la colère du ras d'eau au faite des collines
la poudre de safran se décollant des voiles
le silence imposé comme
enfante la mort

Juste que c'est à cause
ou grâce
ainsi soit-il
à lui
que depuis ça me rappelle sans cesse à l'incompréhensible
à l'éclair gris au
bronze des mémoires
la meute fauve de ce qu'il triture dans mes tripes
tirant jour et nuit sur les villosités
les trempant dans la ci-devant ruine d'arômes liquides

Ce que nous avons bu d'un trait inconsolable en avalant sa chair
                                                          
Les mots germes



Igor Stravinsky Le sacre du Printemps




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